Le Jeu Nucléaire des Mollahs

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10. April 2021, Teheran, Iran: Der iranische Präsident Hassan Rouhani nimmt per Videokonferenz an der Eröffnungszeremonie von Nuklearprojekten in verschiedenen Regionen des Landes teil, die am 11. Rouhani ordnete an, dass die Zentrifugen der neuen Generation in der Nuklearanlage Natanz in Isfahan in Betrieb genommen werden. Foto IMAGO / ZUMA Wire
10. April 2021, Teheran, Iran: Der iranische Präsident Hassan Rouhani nimmt per Videokonferenz an der Eröffnungszeremonie von Nuklearprojekten in verschiedenen Regionen des Landes teil, die am 11. Rouhani ordnete an, dass die Zentrifugen der neuen Generation in der Nuklearanlage Natanz in Isfahan in Betrieb genommen werden. Foto IMAGO / ZUMA Wire
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Pour la première fois, le régime iranien a reconnu que son but réel était la constitution d’un arsenal nucléaire.

par Majid Rafizadeh

Le ministre iranien des renseignements, Mahmoud Alavi, proche conseiller du Guide Suprême l’ayatollah Ali Khamenei, a ainsi récemment souligné que l’Iran s’était délibérément engagé dans cette voie :

« Soyons clair : un chat acculé peut se comporter différemment d’un chat qui marche librement. Si l’Iran est acculé, il ne faudra pas l’accuser [i.e d’avoir cherché à se procurer des armes nucléaires] mais plutôt pointer du doigt ceux qui l’ont contraint. »

Cette déclaration est essentielle. Les dirigeants iraniens ont longtemps soutenu qu’une fatwa (avis juridique en vertu de la loi islamique) de Khamenei bloquait pour eux toute quête de l’arme nucléaire.

Cette fatwa de Khamenei interdisant une nucléarisation de l’arsenal militaire iranien existe bel et bien :

« Nous considérons que l’utilisation de telles armes est haram [interdite par la loi islamique] et nous pensons qu’il est du devoir de chacun de faire des efforts pour protéger l’humanité contre ce grand désastre ».

Khamenei a affirmé que les lois islamiques bannissent la production ou l’utilisation d’armes nucléaires. Sur son site officiel, le Guide Suprême ajoute que « la sharia [loi islamique] et aqli [la raison] nous dictent de ne pas nous y intéresser ».

Cette fatwa qui interdit le recours aux armes nucléaires a été brandie par la théocratie sur la scène internationale pour prouver que son programme nucléaire obéit uniquement à des usages pacifiques. En 2019, le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif a informé le sénateur américain Rand Paul, que la fatwa de Khamenei empêchait littéralement l’Iran de nucléariser son armement.

Des chefs d’Etats de stature internationale ont pris au mot la fatwa du Guide Suprême. Le président Barack Obama, par exemple, pour apaiser les mollahs et parvenir à un accord nucléaire avec eux, a déclaré à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU en 2013 que « le Guide Suprême a émis une fatwa contre le développement des armes nucléaires ».

L’ancien secrétaire d’État américain John Kerry, en digne supporter des mollahs, a qualifié la fatwa de « forme la plus élevée d’interdiction islamique » :

« Le Guide Suprême … dit qu’il a émis une fatwa, la forme la plus élevée d’interdiction islamique, contre certaines activités, et il a agi ainsi a-t-il expliqué, pour bloquer toute velléité iranienne de se constituer un arsenal nucléaire. »

L’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton a également cautionné le narratif iranien :

« L’autre développement intéressant que vous avez peut-être suivi a été la répétition par le Guide Suprême, l’ayatollah Khamenei, qu’ils allaient – qu’il avait émis une fatwa contre les armes nucléaires, contre les armes de destruction massive. J’en ai longuement discuté avec le Premier ministre Erdogan et un certain nombre d’experts et d’érudits religieux. »

Si les dirigeants occidentaux avaient une claire connaissance de la nature de l’establishment théocratique iranien, ils auraient bien vu que le régime a utilisé le chiisme pour justifier la répression, le meurtre, l’exécution au sein de la population iranienne et pour sponsoriser des groupes terroristes dans la région. Alors, qu’est-ce qui empêcherait les mollahs d’émettre une fausse fatwa pour avancer masqués sur ce double objectif d’obtenir des armes nucléaires et d’assurer la survie de leur théocratie ?

Deuxièmement, si les dirigeants occidentaux avaient une lueur ou deux sur l’islam chiite, ils sauraient qu’une fatwa peut être modifiée à tout moment. Troisièmement, si les dirigeants occidentaux connaissaient la nature de la République islamique d’Iran, ils se rendraient compte que la constitution de la République islamique autorise le gouvernement à passer des lois qui ont priorité sur les décisions religieuses et autres fatwas. Selon l’article 167, « le juge doit s’efforcer de trancher chaque litige sur la base du code civil [adoptée par le parlement et approuvée par le Conseil des Gardiens]». Puis il ajoute, « Faute de loi, il doit rendre son jugement sur la base de sources islamiques faisant autorité et d’une authentique fatwa. »

En termes simples, le parlement iranien peut immédiatement adopter une loi autorisant le gouvernement à utiliser des armes nucléaires. Selon la constitution iranienne, cette loi intègrerait le Code civil et aurait priorité sur toute fatwa interdisant un programme nucléaire.

Le père fondateur de la République islamique, l’ayatollah Ruhollah Khomeiny lui-même, a mentionné à plusieurs reprises que les lois islamiques pouvaient, en cas de besoin, être ignorées. Il a aussi précisé que « le gouvernement est habilité à révoquer unilatéralement tout accord basé conclu avec le peuple sur la base de la Sharia, si cet accord est contraire à l’intérêt du pays ou à l’islam ».

A une autre occasion, Khomeiny a aussi déclaré que « le gouvernement peut empêcher le hajj, qui est l’une des obligations divines importantes, sur une base temporaire, dans les cas où cela est contraire aux intérêts de la république islamique ».

La seule question qui compte pour les mollahs au pouvoir est la survie de leur dictature. N’importe quoi, y compris la religion, peut être utilisé pour atteindre ce but.

Le Dr Majid Rafizadeh, stratège et conseiller en affaires, est un universitaire formé à Harvard, politologue, membre du conseil d’administration de la Harvard International Review et président du Conseil international américain sur le Moyen-Orient. Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’islam et la politique étrangère américaine.