Elections : vacances et politique font-elles bon ménage?

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Les députés de l'opposition Itzik Shmuli et Amir Peretz au siège du parti à Tel Aviv le 13 février 2019. Foto Tomer Neuberg/Flash90
Les députés de l'opposition Itzik Shmuli et Amir Peretz au siège du parti à Tel Aviv le 13 février 2019. Foto Tomer Neuberg/Flash90
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Au cours des mois d’été, le point central d’intérêt, pour beaucoup d’Israéliens – ceux qui peuvent se le permettre – concerne leurs vacances. Les hommes politiques, cela dit, sont concentrés sur leur campagne électorale. Cette déconnexion provoque un faible intérêt général pour les événements en cours liés à la campagne.

 

Par Manfred Gerstenfeld

Trois scénarii possibles semblent les plus probables. Ni le Likoud, ni Bleu et Blanc – chacun avec ses alliés – ne peuvent obtenir de majorité, sans Israel Beitenu d’Avigdor Lieberman. Dans cette configuration, un gouvernement d’unité nationale devient l’option la plus probable. Puisque Bleu et Blanc n’entrera pas dans une coalition dirigée par Netanyahu, les partis devront se mettre d’accord pour trouver un autre Premier Ministre. Une éventuelle rotation entre premiers ministres issu des deux partis les plus importants est aussi une possibilité.

Le deuxième scénario consiste, pour le Likoud et ses alliés, à obtenir une majorité sans Israel Beitenu. Pour que cela puisse se produire, tous les partis de droite devront franchir le seuil d’éligibilité, alors qu’un adversaire de l’autre bord devrait échouer à passer ce cap. Le candidat le plus probable ici, à ne pas parvenir à dépasser ce seuil est le Parti Israël Démocratie, dirigé par Ehud Barak.

Le troisième scénario serait que Bleu et Blanc forme un gouvernement de minorité avec ses alliés de gauche et Israel Beitenu. Un tel gouvernement devrait être soutenu de l’extérieur par la liste Arabe Conjointe. Pour que cela se produise, le PID de Barak devrait franchir le seuil, alors que l’un des partis de droite, par exemple, la Nouvelle Droite ou l’Union des Droites, ne parviendrait pas à passer ce cap. Il y a là un inconvénient. Au sein de Bleu et Blanc, le parti de centre-droit de Moshe Ya’alon, Telem, dispose de plusieurs députés. Il se pourrait bien qu’ils ne veuillent pas faire partie d’un gouvernement dépendant, même de l’extérieur, du soutien de la Liste Arabe.

Le Meretz a organisé ses primaires pour dresser la liste de ses candidats. L’ancienne dirigeante, la députée Tamar Zandberg est sortie par le haut. Elle occupera le deuxième poste après le dirigeant nouvellement élu du parit Nitzan Horowitz. Les dirigeants du Parti Travailliste et du Meretz ont tenu leur première réunion pour débattre d’un possible accord négocié de liste conjointe dans les élections à venir. Un groupe d’anciens ministres et députés a prévenu le nouveau Président du parti Travailliste, Amir Peretz, qu’il ne doit pas passer d’accord avec Barak, parce qu’on ne peut pas lui faire confiance.

La plupart des sondages indiquent que Peretz s’est avéré incapable d’élever les perspectives du parti travailliste, au-delà des six députés qu’il a obtenu lors des élections d’avril. Peut-être doit-on l’envisager comme une réalisation, si Peretz a, au moins, réussi à éviter une chute encore plus grave du parti travailliste dans les sondages. La députée Shelley Yachimovich, une ancienne dirigeante du parti travailliste, a annoncé qu’elle ne se présenterait pas aux élections du 17 septembre. Elle est la troisième des six députés travaillistes élus en avril, qui ne reviendra pas. Les autres sont l’ancien dirigeant Avi Gabbaï et le Général à la retraite, Tal Rousso.

Barak a déclaré qu’il insisterait sur l’élaboration d’un constitution pour Israël qui soit écrite dans l’année de la formation du gouvernement. Elle comprendrait la clause visant à limiter la longévité de tout premier ministre à deux mandats et elle imposerait que tout Premier ministre démissionne s’il est inculpé. Barak a annoncé chercher à dissoudre sa relation d’affaires avec Jeffrey Epstein, le financier américain accusé d’abus sexuels contre de jeunes mineures. Le journal britannique Daily Mail a diffusé des photos de Barak chez Epstein et de jeunes femmes se rendant au même domicile. Barak a menacé de poursuivre le journal pour diffamation s’il ne supprimait pas l’article. Le Daily Mail a, bien sûr, refusé de le faire.

Le ministre de l’Education, le Rabbin Rafi Peretz (Union des Partis de Droite) a provoqué des problèmes pour le gouvernement et lui-même, quand il a déclaré que la thérapie de conversion pour homosexuels peut être efficace et qu’il avait participé à de tels traitements. Il s’est fait critiqué par el président de l’Association des Psychiatres Israéliens qui a dit qu’il n’existe pas de thérapie qui puisse modifier l’orientation sexuelle d’une personne. Netanyahu a fermement critiqué les remarques de Peretz. Parmi les réactions aux propos de Peretz, 3.000 enseignements ont signé une pétition appelant au limogeage de Peretz. Ils ont menacé de cesser le travail jusqu’à ce que cela soit effectif. Après un tel tollé, Peretz a déclaré qu’il était fortement opposé à la thérapie de conversion pour les homosexuels. Il a même ajouté qu’il n’avait jamais référé personne pour un tel traitement.

Le Likoud a appelé Bleu et Blanc à limoger son nouveau stratège américain, Joël Benenson. Le Likoud mentionnait que lorsque ce dernier travaillait pour la candidate présidentielle américaine vaincue, Hilary Clinton, il lui avait conseillé de ne pas évoquer Israël. Benenson a aussi mené une campagne en faveur du passage de l’accord Iranien piloté par Barack Obama.

On a rapporté que des associés du Premier Ministre Netanyahu ont envoyé un message au chef de la Nouvelle Droite, Naftali Bennett, en lui disant qu’il pourrait être nommé ambassadeur israélien aux Nations Unies s’il s’abstenait de se présenter aux élections de septembre. Du fait de l’échec de la Nouvelle Droite et du parti Zehout de Moshe Feiglin à franchir le seuil d’éligibilité aux élections d’avril, la droite a perdu plus de 200.000 suffrages. Bennett a fait savoir qu’il n’était pas intéressé par cette proposition.

On a aussi appris que le premier ministre Netanyahu et le Likoud se sont mus d’accord sur des ententes de coalition après les élections d’avril pour faire voter la légalisation de beaucoup d’avant-postes, par l’entremise d’une nouvelle agence qui serrait mise en place.

Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme. Adaptation: Marc Brzustowski. Première publication par Jforum.fr