Les Musulmans ont-ils quelque chose à apprendre du Sionisme?

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Foto Rakoon, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=71969033
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Les origines de l’antisémitisme européen contemporain découle d’antiques stéréotypes  négatifs largement répandus à propos des Juifs. Depuis plus de mille ans, les Juifs n’ont pas été en mesure de vivre tranquillement en Europe durant des périodes prolongées. Les attitudes négatives envers les Juifs se sont entremêlées à la culture européenne depuis de nombreux siècles. Le symbole contemporain des sentiments d’insécurité des Juifs d’Europe s’incarne dans le besoin de sécurité autour des synagogues et des institutions juives.

 

Par Manfred Gerstenfeld

L’histoire de l’antisémitisme diverge grandement de celle de l’Islamophobie. les racines de cette dernière en Europe de l’Ouest sont récentes. L’Islamophobie attribue des caractéristiques négatives à tous les Musulmans. Apparemment, les Musulmans endosse progressivement le rôle des principaux étrangers en Europe que tenaient traditionnellement les Juifs. Ceci est facilité par un certain nombre de facteurs. L’un d’entre eux est qu’il y a plus de 20 millions de Musulmans en Europe de l’Ouest. Le nombre de Juifs est d’à peine 1, 5 million.

Il existe d’autres facteurs moins visibles. L’un d’entre eux est que l’Islam est une religion prosélyte. Presque tous les Musulmans ou leurs ancêtres ne sont arrivés en Europe de l’Ouest qu’au cours des dernières décennies. Certains d’entre eux tentent de convertir les Européens de souche et de l’es entraîner loin de la culture dominante européenne. L’énorme mauvais comportement de certains Musulmans joue également un grand rôle dans l”Islamophobie”. L’essentiel du terrorisme musulman est relié à la vision criminelle des principes de l’Islam. Le cri Allahu Akbar, qui accompagne souvent les actes terroristes musulmans, l’exprime tout-à-fait.

Les actes terroristes et criminels extrêmes renforcent la propagation des stéréotypes négatifs envers tous les Musulmans. Dans l’esprit des Européens qui croient en ces stéréotypes globalement négatifs, tous les Musulmans sont les mêmes. Pour beaucoup, la différenciation entre les Islamistes et les Musulmans n’est qu’un jeu réservé au politiquement correct. L’expression “L’Islam appartient à l’Europe”, parfois proclamée par des hommes politiques en quête d’audience est perçu de la même façon.

Il existe diverses raisons à la résurgence du populisme nationaliste dans la plupart des pays européens occidentaux. Le terrorisme au nom de l’Islam,la criminalité extrême pratiquée par certains Musulmans et les exigences musulmanes à l’égard de la société n’en sont qu’une partie. Pourtant les partis populistes les utilisent comme outils centraux dans leur propagande. Beaucoup d’autres ont aussi compris que le multiculturalisme est un concept fondamentalement erroné. Sans culture dominante, les sociétés européennes continuent régulièrement de s’éroder de plus en plus.

On peut encore en apprendre beaucoup sur la façon dont la réalité musulmane en Europe est perçue par un étranger. L’ancien directeur des services de renseignements intérieurs allemands, Hans Georg Maassen, a déclaré lors d’une conférence récente : “Quand on débat de l’Islam politique, cet extrémisme reste silencieux et, de mon point de vue, sous-estimé[1]“. Il soulignait que cela découlait de la focalisation de l’attention sur le terrorisme. Maasen ajoutait : “Ce ne sont pas les cellules de frappe terroriste qui propagent l’Islamisme parmi nous”. Il faisait encore remarquer que les protagonistes de l’Islam politique sont souvent très cultivé et considérés comme bien intégrés.

Maassnen se plaignait du fait que, dans le combat contre l’Islamisme radical, on n’obtient guère de soutien de la part des Musulmans modérés ou laïcs, particulièrement étant donné le fait qu’il y a une multitude de petites organisations musulmanes en Allemagne. IL faisait ensuite une remarque potentiellement explosive, que les médias ont à peine relevé. Maassnen a déclaré qu’il était extrêmement difficile d’indiquer chaque organisation musulmane qui ne soit pas surveillée par les services de renseignement allemands”.

Et il est encore allé plus loin en disant que, parfois, les autorités subventionnent des organisations musulmanes, en dépit du fait qu’elles ont été alertées à leur encontre par les services de renseignement intérieur. Il a résumé la situation germanique en disant que les Islamistes peuvent faire énormément de choses dans le pays que ne leur sont pas permises dans les pays arabes. Maassnen a présenté la situation en Allemagne comme un “Ouest sauvage pour les Islamistes[2]“. Si ces points de vue émanant des services de renseignement sont affichés dans les médias, cela compliquera encore un peu plus la position des Musulmans au sien de la société allemande.

Les Sionistes ont commencé à s’organiser autour du début du 19ème siècle. Les fondateurs du mouvement ont réalisé que quoi que fassent les Juifs, ils ne deviendraient jamais des citoyens “normaux” en Europe. Les Juifs restaient des étrangers quelle que puisse être l’importance de la contribution réelle de certains, au sein des sociétés européennes, par la science, l’industrialisation, les soins médicaux, la philanthropie et dans bien d’autres domaines. Quelques décennies plus tard, l’assimilation et d’autres formes illusoires d’intégration dans les courants dominants ou l’élite des sociétés n’ont protégé aucun Juif des chambres à gaz.

Ainsi les stéréotypes négatifs à propos des Juifs initialement promus par le Christianisme et ensuite intensifiés par les propagandistes nazis, ont conduit au génocide de la Seconde Guerre Mondiale. Beaucoup, au-delà même des adhérents Allemands et Autrichiens à l’idéologie génocidaire nazie, ont collaboré. De nos jours, beaucoup de Juifs sont préoccupés par la question de savoir s’il y a un avenir pour eux et, plus particulièrement, pour leur leurs enfants en Europe. Ainsi, les principes du Sionisme sont encore plein de bon sens et parfaitement opérationnels.

Si les Juifs ont des doutes au sujet de leur avenir en Europe occidentale, les Musulmans ne devraient-ils pas se poser autant de questions quant au leur? Certes, un nouveau génocide contre eux est improbable. Les mouvements anti-Islam qui ont pris leur élan au cours des décennies précédentes et ont commencé à s’organiser, sont-ils en train de disparaître ou d’accroître leurs forces? Le degré de ressentiment entre eux et les musulmans peut être différent d’un pays à l’autre. Une diversité de facteurs influencera les résultats. Les Musulmans peuvent-ils espérer, de façon réaliste, s’intégrer pleinement à l’Europe?

Est-ce que cela pourrait déboucher sur un mouvement significatif parmi les Musulmans d’Europe, qui envisagerait qu’ils feraient mieux de se tourner vers les terres musulmanes, même si elles semblent plus pauvres? Il y a aussi des courants idéologiques en Islam qui proclament que les Musulmans feraient mieux de vivre dans des pays où l’Islam est la religion dominante. Dans le même temps, l’afflux net de gens provenant des pays musulmans vers l’Europe se poursuit.

Le problème majeur rencontré par les dirigeants sionistes est qu’il n’y avait pas de pays juif vers lequel se tourner. L’Etat juif devait s’établir dans le sang, la sueur et les larmes. Les Musulmans vivant en Europe peuvent tenter de trouver leur place dans l’un des plus de 57 pays à majorité musulmane. Les Musulmans peuvent en apprendre encore plus du Sionisme. Seul le temps dira si les enseignements à tirer continueront de s’accroître.

Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme. Adaptation: Marc Brzustowski. Première publication par Jforum.fr