La politique officielle du gouvernement allemand prétend faire des efforts pour lutter contre l’antisémitisme. Un exemple parmi d’autres consiste à réserver des services de sécurité pour les institutions juives. On en trouve un autre dans la désignation d’un haut-commissaire national à l’antisémitisme. Cela fait aussi partie de la politique officielle de l’Allemagne de se montrer amicale envers Israël. On en a encore une illustration quand un groupe de ministres allemands visitent Israël, de temps en temps, pour discuter des possibilités de collaboration avec leurs homologues israéliens.
Par Manfred Gerstenfeld
Il y a d’autres aspects de la politique allemande. IL y a des actions directes et indirectes de promotion de l’antisémitisme et de l’anti-israélisme. Ces facettes de cette politique mérite analyse.
En ce qui concerne la promotion de l’antisémitisme, depuis 2015, le gouvernement allemand a accueilli, sans exercer la moindre sélection, beaucoup d’immigrés des pays arabes. Des centaines de milliers d’immigrants sont des antisémites convaincus.
Une étude en Bavière a découvert que plus de 50% d’immigrés irakiens, syriens et afghans sont d’accord avec l’assertion disant : “Les Juifs ont trop d’influence dans le monde”. Parmi les Allemands, ces configurations se situent entre 15 et 25%. On pourrait ajouter à cela qu’une nation dont la génération des grands-parents a assassiné 6 millions de Juifs ne devrait pas accueillir d’antisémites supplémentaires dans son pays. Le justifier par dses raisons humanitaires ne change strictement rien aux faits.
Le nombre de ses votes contre Israël à l’Assemblée Générale des Nations-Unies est un exemple majeur de participation de l’Allemagne à l’incitation incessante contre Israël. Le Quotidien allemand Bild, a publié qu’au cours de ces dernières années, l’Assemblée Générale a accepté plus de 500 résolutions contre Israël et pas une seule à l’encontre du groupe terroriste Hamas.
Le Bild a donné quelques exemples, pour la période 2014-2017. En 2014, de toutes les résolutions dirigées contre un pays spécifique,87% l’ont été contre Israël. En 2016, ce chiffre était de 77%. En 2017, de 78%. Au sein du conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, plus de la moitié des résolutions s’adressaient à Israël. Le journal soulignait que l’Allemagne prenait régulièrement le parti des ennemis d’Israël. En novembre 2018, des 21 résolutions anti-israéliennes de l’Assemblée Générale, l’Allemagne en a soutenu 16 et s’est abstenue pour 4 d’entre elles (total : 20/21).
Dans le précédent gouvernement, le dirigeant du parti socialiste, le Ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, était un incitateur anti-israélien particulièrement assidu. Gabriel a accusé Israël d’Apartheid. Cela a pris plusieurs mois avant qu’il ne daigne s’excuser. Lorsqu’il s’est exprimé en janvier 2018 à Tel Aviv, il a mensongèrement déclaré être un “ami d’Israël”. Il a ajouté que son pays avait un engagement particulier envers la sécurité d’Israël. Dans le même temps, il était responsable d’un nombre colossal de suffrages allemands contre Israël dans l’enceinte des Etats-Unis, tentant ainsi de saper les fondements de sa sécurité.
Dans l’actuel gouvernement, le Ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, également un socialiste, a souvent révélé que c’est Auschwitz qui lui avait donné l’inspiration d’entrer en politique. Pourtant son Ministère continue de soutenir la diabolisation d’Israël aux Nations-Unies. Les votes allemands contre Israël en novembre 2018 se sont bien déroulés sous son égide et sa responsabilité.
Sous l’impulsion de Maas, on a aussi assisté à un soutien allemand envers l’UNWRA près le retrait des Etats-Unis. Le Rav Abraham Cooper, Doyen associé du Centre Simon Wiesenthal a résumé ce point et le rôle qu’y a joué Maas : “A la suite du geste impulsé par les Etats-Unis, consistant à retirer son soutien à cet organisme qui lave le cerveau des enfants, en leur inculquant les soit-disant “vertus” du Martyr, le Secrtétaire d’Etat allemand a annoncé une augmentation “substantielle” des fonds alloués par son pays à l’UNWRA.
Avec 100 millions d’€ d’argent pour l’aide, l’Allemagne demeure l’un des plus généreux bienfaiteurs de l’UNRWA. Oui, le soutien à la quête des Palestiniens d’un meilleur avenir est juste et important. Mais les palmarès du Hamas et de l’Autorité Palestinienne, financés par l’UNRWA équivaut à la violation des droits de l’enfant par des manuels mensongers. Personne que j’ai pu rencontrer à Berlin n’a pu me garantir que l’argent allemand ne bénéficie pas directement au Hamas.“
En février, sous la responsabilité de Maas, le Ministère allemand des affaires étrangères a aussi envoyé des représentants à l’ambassade de la République Islamique d’Iran à Berlin, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire des 40 ans de la Révolution islamique. Ceci malgré le fait indéniable que l’Iran appelle fréquemment à la destruction d’Israël.
La réalité est encore pire. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier, toujours un socialiste, “a félicité cordialement le gouvernement iranien à l’occasion du 40ème anniversaire de la révolution, ainsi qu’au nom de mes fidèles concitoyens du pays”. Le quotidien Tagesspiegel s’est demandé si on devait rappeler à Steinmeier que l’Iran est le premier parrain du terrorisme international, qu’il menace Israël de destruction, nie la réalité de la Shoah, opprime les femmes, exécute les homosexuels et punit de mort les conversions à d’autres religions( “apostasie”)”.
Il concluait : „La conscience morale qui devrait servir de guide aux paroles d’un Président de la République allemande a, dans ce cas, gravement fait défaut.“ Pour mettre encore mieux en perspective ces félicitations au régime Iranien : “Quand Donald Trump a été élu en tant que Président en Novembre 2016, Steinmeier, alors ministre des affaires étrangères, a explicitement déclaré qu’en aucun cas il ne lui transmettrait ses félicitations“.
Le parti libéral (FPD), qui est dans l’opposition, a récemment demandé au gouvernement allemand de modifier sa politique au sein de l’ONU. L’un des parlementaires du parti Frank Muller-Rosentritt, a déclaré qu’en un an, on a décidé 21 résolutions contre Israël, alors qu’il n’y en a eu qu’une seule contre la Syrie. Il a ajouté que cette „disproportion démontre que les ennemis d’Israël instrumentalisent l’ONU afin de délégitimer l’Etat Juif.“
L’assistance directe et indirecte aux antisémites et aux anti-israéliens ne se passe pas uniquement au niveau national, mais également au niveau des Etats fédéraux. Il leur incombe aussi d’établir des statistiques sur les crimes antisémites. Le commissaire national à l’antisémitisme, Felix Klein, a déclaré que toutes les statistiques publiées à ce sujet sont trompeuses et qu’il avait bien l’intention de s’attaquer à cette falsification. Les nombreux crimes contre les Juifs, pour lesquels on est incapable d’identifier les auteurs sont systématiquement enregistrés comme s’ils avaient été commis par des membres de l’extrême-droite.
Klein a souligné que les changements nécessaires ne pourraient être réalisés que si on parvient à convaincre les ministres de l’Intérieur des états fédéraux de modifier la façon dont ces statistiques sont établies. Il a déclaré que les attaques physiques lancées par des Musulmans contre des Juifs sont bien plus nombreuses que celles qui sont réellement enregistrées. Les représentants juifs ont aussi souvent attiré l’attention sur les nombreux incidents antisémites provoqués par des Musulmans qui sont faiblement reflétés dans les statistiques. Si les Etats ne publient pas correctement où il faut chercher les auteurs d’exactions, alors ils assistent en effet une partie des antisémites qu’ils occultent.
L’approbation des manuels scolaires est aussi de la responsabilité des gouvernements d’Etats fédéraux autonomes. Une récente étude réalisée par deux professeurs allemands, Samuel Salzborn, et Alexander Kurth, a enquêté sur les manuels allemands. Partiellement sur la base d’une précédente étude, ils ont découvert qu’en ce qui concerne les livres scolaires, Israël est fréquemment présenté de façon uniquement négative et les Palestiniens uniquement sous un jour positif, dans les domaines de la géographie, de l’histoire et de la politique.
Ils en ont conclu qu’Israël n’est pas seulement mentionné dans le cadre du conflit avec les Palestiniens. Les actions et réactions militaires au terrorisme palestinien sont souvent présentées comme aussi problématiques que le terrorisme lui-même.
Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres. Au regard de l’horrible passé de l’Allemagne et de son présent problématique, on devrait mener une étude en profondeur sur la façon dont les gouvernements national et fédéraux promeuvent directement et indirectement l’antisémitisme et l’antis-israélisme. Sans quoi, on n’entreverra pas de manière claire cette approche de l’Allemagne à deux visages.
Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme. Adaptation: Marc Brzustowski. Première publication par Jforum.fr