Israël peut réagir à l’arrogance de la France

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Foto EU2017EE Estonian Presidency - Emmanuel Macron, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=62887988
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La décision d’Israël d’approuver la construction de plus de 2.000 logements dans des villages de Judée-Samarie s’est attirée les condamnations standardisées de l’Union Européenne (U.E) et de la France. L’U.E a déclaré que les plans israéliens sapent la viabilité de la solution à deux Etats et les perspectives d’une paix durable. L’U.E continue d’ignorer que l’Autorité Palestinienne récompense systématiquement la violence. Il n’y a ainsi aucune relation logique entre l’Etablissement d’un Etat Palestinien et une paix durable.

 

Par Manfred Gerstenfeld

Le texte du porte-parole du Ministère français des Affaires étrangères mérite qu’on lui consacre une plus grande attention. Il condamne la décision d’Israël de développer le logement dans les implantations. Il ajoute qu’une telle activité ne correspond pas à la résolution 2334 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui interdit toute construction dans les implantations [celle, antisioniste, sur laquelle Obama sortant a refusé d’imposer le veto des Etats-Unis]. Or, selon la définition de l’Alliance Internationale pour la Mémoire de la Shoah (IHRA), les Nations-Unies se comportent fréquemment comme une organisation propagatrice d’antisémitisme.

Le porte-parole français a aussi répété le rêve chimérique de l’U.E disant que les implantations mettent en danger la solution à deux Etats, l’unique solution qui pourrait permettre l’établissement de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens.

Israël ne répond, d’habitude, pas à de telles condamnations, qui sont apparemment considérées comme une sorte de mauvais rituel européen. Une telle attitude pouvait encore avoir une signification à une période où Israël restait une sorte d’acteur mineur dans le monde. La position politique d’Israël s’est, cela dit, grandement améliorée au cours des périodes récentes. La France, de l’autre côté, fait l’expérience d’une longue période d’affaiblissement important. Son gouvernement ne parvient même pas à contrôler les sources internes de violence. C’est ce qui fait des condamnations d’Israël l’expression d’une arrogance sans limite. Ceux qui résident dans des maisons de verre ne doivent pas lancer de cailloux.

Une fois par semaine, au cours de ces deux derniers mois, on a assité à des manifestations massives par les surnommés “Gilets Jaunes”, contre la situation économique de la France. Certains manifestants pillent et détruisent la propriété publique et privée. L’un des symboles iconiques de la nation, l’Arc de Triomphe de Paris, a sérieusement été endommagé. Des manifestants appellent à la démission du Président Emmanuel Macron. Sa popularité a plongé à 23% en début décembre. Cela correspond au niveau d’approbation de son prédécesseur socialiste François Hollande, à la fin 2013. Ce dernier était jusqu’alors considéré comme le Président français le moins populaire de toute l’histoire moderne.

Il y a encore une autre raison plus importante de ne pas laisser passer la condamnation française sans réponse appropriée de la part d’Israël. Une organisation de l’U.E, l’Agence pour les Droits Fondamentaux (FRA) a publié un rapport en décembre 2018, intitulé Expériences et Perceptions de l’Antisémitisme. La FRA affirme que cette enquête est l’étude la plus complète jamais entreprise sur l’antisémitisme en Europe. Cette étude a demandé aux Juifs sondés ce qu’étaient leur expérience et leurs perceptions des crimes de haine, de la discrimination et de l’antisémitisme dans douze pays membres. Pris tous ensemble, ils sont le foyer de 96% de la population juive estimée dans l’U.E.

L’opinion des Juifs de France sur la situation de leur communauté dans leur pays, était sur bien des questions, la plus négative de toute l’Europe. En France, presque toutes les personnes interrogées perçoivent l’antisémitisme comme un “très gros”, ou “assez gros” problème. Un pourcentage quelque peu plus modique perçoit de façon similaire le racisme en France. Presque tous les sondés français disent que l’antisémitisme s’est accru au cours des cinq dernières années.

L’enquête interroge spécifiquement sur les graffitis antisémites, la profanation de cimetières juifs, le vandalisme contre les institutions et bâtiments juifs, l’expression d’hostilité envers les Juifs, ainsi que sur la vie politique et des médias, ou sur Internet (y compris les réseaux sociaux). En France, la majorité des sondés évaluent presque toutes ces manifestations d’antisémitisme comme un énorme problème.

Pratiquement tous les sondés français considèrent les expressions d’hostilité envers les Juifs dans la rue et d’autres lieux publics comme un gros problème. La majorité des sondés français – un pourcentage plus élevé que n’importe où ailleurs s’inquiètent d’être confrontés à des insultes verbales et des agressions physiques antisémites au cours des douze mois à venir[8]. Un pourcentage encore plus important des sondés s’avèrent inquiets que des membres de leur famille ou des amis proches puissent être victimes d’insultes ou de harcèlement antisémite au cours des douze prochains mois. Encore une fois, ce pourcentage est plus élevé que dans n’importe quel autre pays étudié.

La France est aussi le pays où le pourcentage est le plus haut, de sondés qui disent qu’ils ne portent jamais ni ne montrent d’objets ou vêtements qui puissent les identifier comme Juifs, tels que la kippa ou le Magen David (étoile). Les Musulmans sont considérés parmi les trois premières catégories d’auteurs d’antisémitisme.

La situation des Juifs en France est tellement grave qu’en 2018, 250 intellectuels et personnalités ont signé un manifeste contre l’antisémitisme musulman. Ce document résume les principaux éléments de la violence et de l’incitation contre les Juifs manant des franges radicales de la communauté musulmane.

Lorsque la protestation des “Gilets Jaunes” a commencé, le Vice-Ministre israélien des Affaires étrangères, Michaël Oren, a plaisanté, en disant qu’Israël devrait accueillir une conférence internationale de la paix pour la France. Cependant, rire des Français, dans leur lisère, peut ne pas être la meilleure réaction face aux condamnations des activités israéliennes par leur Bureau des Affaires étrangères.

Répondre à cette condamnation peut fournir une occasion unique d’attirer une attention internationale sur l’antisémitisme qui se propage largement en France. Grâce à une plus forte attention des médias sur le cas de l’antisémitisme français, partout en Occident, on peut espérer que le gouvernement français finira par renforcer sa lutte contre ce fléau. En outre, si le gouvernement français commence à réaliser que les condamnations d’Israël ont un effet-boomerang, le bénéfice net d’une forte réaction israélienne serait encore plus important.

Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme. Adaptation: Marc BrzustowskiPremière publication par Jforum.fr